...Du regard, je m'échappe dehors et essaie de trouver une
mouette dans le grand ciel bleu. Trois le traversent vite, une
autre lentement, avec une tache noire sur une aile. Je la suis
des yeux. Elle monte, plonge soudain jusqu'à raser le faîte des
arbres. C'est à croire qu'elle va tomber. Mais non ! Un coup
d'aile et allez, elle reprend de l'altitude, pour enfin, apaisée, se
laisser porter par le vent...
Traduit de l'occitan, écrit selon un plan circulaire, L'Heure
de partir raconte les cinq derniers mois de la guerre d'Algérie
à travers les yeux d'un jeune garçon de 12 ans, exilé de sa terre
oranaise et transporté en terre de Béarn où il découvre l'hiver,
la neige, le froid. C'est le roman palimpseste d'un double exil :
celui d'un gamin qui prend soudain conscience qu'il n'est pas
de ce peuple auquel il pensait appartenir, qu'il n'est plus
considéré comme légitime sur cette terre, et qui va se retrouver
en France, la patrie mère pourtant, dans un autre exil, celui des
rapatriés. Pauvre à Oran, pauvre en Béarn, il se construit sur
une toile de fond dont l'altérité est la trame.