
Le discours communicationnel imagine que l'image porte un sens, un
discours, un message. Des théoriciens envisagent que l'image est une
empreinte et une incarnation, une ressemblance informe, d'autres
qu'il s'agit d'un conflit entre le visible et l'invisible, qu'elle est aussi une
icône, la face sacrée de l'absolu religieux. Pour la sémiologie, l'image
est un indice, un signe, un symbole que l'on code et que l'on charge.
D'autres l'ont envisagée, comme une enveloppe d'une subjectivité qui
la fantasme. Dans le sensible, nous sommes au-delà des images et
des messages.
L'image et la photographie peuvent-elles faire voir du désir, montrer
l'invisible, montrer du subjectif et du pensé, des concepts, des
pulsions, de la théorie ? Ou au contraire la photographie est-elle vouée
au sensible ? Comment s'opère le mélange du sensible aux données du
visible dans le travail photographique de recherche et de création ?
L'image ne renvoie-t-elle qu'à elle-même ou est-elle émergence de
l'invisible, dispersion du réel, travail sur la méconnaissance de l'invu,
recherche du méconnu dans ce qui est monde ? La photographie
expérimente-t-elle le sensible, au sens de Benjamin, ou est-elle sa
énième négation, forme évidente du conformisme en théorie comme
en art ? Nous tenterons ensemble de répondre à quelques-unes de ces
interrogations.
Steven Bernas
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