... Arthaud a donc pris une longueur d'avance, comme
d'habitude mais définitive, celle-là, il s'est sauvé nulle part ou
peut-être en enfer, mais où que ce soit, ça m'étonnerait qu'il y soit
plus mal considéré qu'il ne l'a été dans cette vie là. Il est mort cette
nuit, dans son bureau. Je l'ai trouvé vers neuf heures, refroidi sur
son lit de camp, couché sur le côté dans la position où je l'avais
laissé vers minuit, la zapette était tombée de sa main gauche.
Lui qui avait tant de dégoût envers la télé gardait encore
les yeux ouverts sur un dessin animé idiot comme il en importait du
Japon à la pelle, il était ridicule comme les poilus de 14 gazés au
front qui se changeaient les idées en allant applaudir le pétomane.
S'il avait pu se voir il aurait eu tellement honte de lui qu'il serait
ressuscité quelques secondes, le temps d'éteindre. Je ne sais pas sur
quelles dernières images il est parti, une redif de film, les clips de
M6 ou la chasse sur TF1, en tout cas il n'a pas eu la force de jeter
son poste par la fenêtre.
Et dans sa main droite il serrait encore le stylo avec lequel
il avait noirci ce cahier posé près de lui.
MBSLCP est le premier roman de Chraz, un livre comme lui :
saignant et drôle, méchant et tendre, dans lequel il exagère
presque autant que la réalité.
Comme toute ressemblance avec des gens existant
ou faisant semblant d'exister serait bien dommage pour eux,
il n'y en a aucune.