
"Si l'on cesse de regarder le paysage comme
l'objet d'une industrie on découvre subitement
- est-ce un oubli du cartographe, une
négligence du politique ? - une quantité
d'espaces indécis, dépourvus de fonction, sur
lesquels il est difficile de porter un nom. Cet
ensemble n'appartient ni au territoire de
l'ombre ni à celui de la lumière. Il se situe aux
marges. En lisière des bois, le long des routes
et des rivières, dans les recoins oubliés de la
culture, là où les machines ne passent pas. Il
couvre des surfaces de dimensions modestes,
dispersées comme les angles perdus d'un
champ ; unitaires et vastes comme les
tourbières, les landes et certaines friches
issues d'une déprise récente.
Entre ces fragments de paysage aucune
similitude de forme. Un seul point commun :
tous constituent un territoire de refuge à la
diversité. Partout ailleurs celle-ci est chassée.
Cela justifie de les rassembler sous
un terme unique.
Je propose Tiers paysage, troisième terme
d'une analyse ayant rangé les données
principales apparentes sous l'ombre d'un côté,
la lumière de l'autre. Le concept de
Tiers paysage renvoie à Tiers état (et non à
Tiers monde). Espace n'exprimant ni le pouvoir
ni la soumission au pouvoir."
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