
Les références à la physique utilisées dans L'Esprit des lois
servent à justifier l'idée que Montesquieu chercherait à
appliquer les schémas de la science moderne sur un nouvel
objet, la réalité sociale, et serait un précurseur de la sociologie.
La lecture des textes peu connus qui concernent la physiologie
ou la médecine montrent un autre visage de l'auteur. La présente
étude examine comment ces essais en science sont mobilisés
dans L'Esprit des lois. Ainsi, l'image de la machine sert moins à
réduire la réalité sociale en un objet scientifique, qu'à exercer le
regard du législateur qui doit modérer les puissances.
Montesquieu aborde les lois positives avec un regard sur le tout
des rapports, ce qui définit son objet, l'esprit des lois, et en
s'attachant à découvrir les convenances ou les désaccords qui
peuvent exister, pour prendre la mesure des situations
historiques. Il ne faut pas alors opposer les sciences aux arts : le
génie artiste, qui sait composer son oeuvre, éclaire le sens de
l'oeuvre législatrice, et le «dessein» de Montesquieu. Le plan de
L'Esprit des lois se comprend si on le regarde comme un «tout
ensemble». La forme de l'ouvrage se veut formatrice du regard,
qui est le sens de l'esprit.
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