
Titulaire du prix Sándor Márai et d'autres distinctions littéraires,
voyageur de l'Europe aux USA au fil de résidences d'écriture
renommées, András Petöcz n'en brasse pas moins une mélancolie
discrète. C'est qu'il est Dieu, en ces pages, et qu'à ce titre, il est
désormais sans abri, «citoyen triste d'un triste pays». Un dieu sans
majuscule, qui erre de Budapest à Vienne et de Bruxelles à
Londres, familier des recalés de la société, furtif comme eux, traînant
les mêmes valises usées, adoptant leur odeur. En cela dieu est
poète. S'identifier à l'errant, regarder les femmes depuis son indignité,
considérer sa vie où tout a basculé en un instant (un divorce,
la perte d'un boulot), nous en dresser le constat au plus proche
d'une nécessité qui s'impose de ligne en ligne : c'est sa liberté, et
«qui veut la liberté, veut la liberté avec des mots simples, ou en
silence». Mais c'est aussi et surtout un travail («ce n'est pas pour
rien qu'il travaille si dur»), le seul sans doute qu'il nous reste à
accomplir dans un monde bouleversé.
Caroline Lamarche
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