
Wolfgang Harich (1923-1995) fut l'un des philosophes
les plus célèbres et les plus controversés de
la République démocratique allemande. Marxiste connu
pour son indépendance d'esprit et son franc-parler, il n'hésite
pas à entrer en lice, lorsque, quelques années avant la
chute du Mur de Berlin, commence à se développer dans le
camp socialiste une étrange tendance à réhabiliter Nietzsche
(cet engouement surprenant a son pendant en France dans le
«nietzschéisme de gauche» de Deleuze à Michel Onfray).
Continuant et affinant les thèses de Georg Lukács, Harich
voit en Nietzsche le «destructeur de la raison» par excellence,
le précurseur intellectuel du fascisme. La perméabilité
du mouvement démocratique et progressiste des travailleurs
à l'idéologie nietzschéenne, qui lui a pourtant juré
une haine mortelle, lui semble une erreur fatale.
Le fait même de concéder à Nietzsche, en vertu de l'usage
académique, des qualités de poète ou de styliste est un
automatisme paresseux. Pour Harich, cela ne prouve que
l'ignorance du reste de la littérature allemande, dont il avait
lui-même une connaissance érudite. C'est cette mise en perspective
pluridisciplinaire qui fait également de cet ouvrage
un compendium de culture allemande.
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