Le
château, omniprésent dans
la littérature, est l'objet d'une résurgence
spectaculaire avec la vogue du roman noir,
inaugurée en 1764 par le roman de Walpole, Le Château
d'Otrante. À la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, et jusqu'à
la fracture radicale que représente la Grande Guerre de 1914,
il impose sa silhouette à la fois typique et multiforme. Dans un
contexte idéologique d'abord : les châteaux tombent ou se font ruine
avec la Révolution, à moins qu'ils ne résistent comme autant de forteresses
archaïques. Mais le château, architecture écrite, se charge
aussi de toute une poétique, qu'il réfracte au gré des
divers traitements littéraires auxquels il donne lieu,
magnification ou parodie. L'artiste, qui s'y
réfugie volontiers, en fait même son
lieu d'élection. Enfin, édifice psychique,
il a fonction d'«observatoire
du ciel intérieur»,
comme l'affirmera plus
tard André Breton.