En 1942, Jean Cayrol est arrêté et déporté à Mauthausen-Gusen.
Une expérience qui hantera toute son oeuvre. À son retour de
camp, en 1949, il veut témoigner et publie dans la revue Esprit
un court texte intitulé «D'un romanesque concentrationnaire»
(texte repris dans son essai Lazare parmi nous), dans lequel
il tente de définir ce que pourrait être, au lendemain de la fracture
de la Seconde Guerre, sa conception du héros. Pour le qualifier,
il se réfère à Lazare, revenu d'entre les morts, désignant ainsi
un univers - le romanesque lazaréen. Dans les quatre romans
que comprend ce volume, l'ambition littéraire se déploie avec
une modernité radicale, avant même l'émergence du «nouveau
roman». Les personnages sont passifs et anonymes face à un
monde dépourvu de sens. Dans Nuit et Brouillard, texte écrit
dans l'horreur et la souffrance du camp, on retrouve les références
bibliques, l'inquiétude métaphysique, la présence de la nature
qui nourrissaient ses premiers poèmes. Mais le noir, la nuit,
l'hiver et le froid envahissent toutes ces pages.
Cette réédition rassemble en un volume tous les textes de
Jean Cayrol - Je vivrai l'amour des autres, La Noire, Le feu qui
prend, Lazare parmi nous, Les Corps étrangers et Nuit et Brouillard -
qui constituent son oeuvre lazaréenne.