
On dira,
mais de l'envers, en creux, l'obscur à naître.
Du bout des lèvres,
dents serrées, buvant ce froid qui déborde.
On ira,
haletant, secoué par l'éclair,
vers son miroir ensommeillé.
Hanter sous la nuit
poussière, failles, gravats, racines.
VIII, «Nothing, nowhere», 3
Michel Passelergue, poète et essayiste, est né
en 1942.
Ombres portées, ombres errantes propose
une poésie d'une grande tenue et d'une grande
tension, une écriture épurée, ascétique.
Déjà dans La Nuit, l'autre (1996), Michel
Passelergue se référait à Cioran et à cette
«angoisse infuse qui nous tient lieu et de
science et d'intuition». Ici, la brûlure des images
enflamme une économie de l'obscur ; l'insolite
dit à voix rauque, elliptique, l'essentiel de notre
condition, l'état de sursis permanent qui est
notre lot ; c'est une oeuvre réfléchie, exigeante,
austère, où l'on serait bien en peine de relever
le moindre relâchement pour dire le travail
sans relâche de la mort dans le vif. La force de
cette vision qui ne s'écarte jamais de sa visée
est impressionnante.
J. H.
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