
1880 : Flaubert est mort. Guillaume Apollinaire, Robert Musil
(dit le Proust autrichien), et René Béhaine naissent. C'est à
Vervins (Aisne) qu'est né René Béhaine le 17 juin 1880. Il est
décédé le 2 janvier 1966 à Villefranche-sur-mer. Il est l'auteur
d'une fresque sociale intitulée : Histoire d'une société, en
16 volumes, aux titres prestigieux chacun, qui s'échelonnent de
1898 à 1960. Cet écrivain est avec Proust et Céline, et Jouve un
créateur de «Suite Romanesque», tressée dans le tissu même de
la vie et dont la trame est autant personnelle qu'universelle. Des
esprits divers et distingués l'ont placé très haut. Il procédait de
Balzac, n'avait jamais lu Proust. Et il semblerait que celui-ci l'ait
imité dans ses débuts. C'est Léon Daudet qui a lancé et Proust et
René Béhaine et les a imposés à Grasset. Jean Cocteau considérait
Béhaine comme un génie. Ce n'est qu'en 1958 que Béhaine obtint
le prix de la «Société des gens de lettres», et en 1965 le «Prix
Dumas Miller de l'Académie Française». Il fut présenté à deux
reprises au Prix Nobel. Il serait juste que la jeunesse le découvrît
enfin. L'oeuvre de René Béhaine est écrite dans une langue très
riche, enseignante et musicale à la fois. Son caractère
primesautier, son amour des bêtes, sa haine de la guerre («Le char
de Kâli» est le plus grand réquisitoire contemporain contre toute
espèce de bellicisme), sa vie exemplaire, son style prodigieux, sa
spiritualité élevée devraient en faire un maître à penser. Il est
indigne de constater à quel point nous négligeons nos plus sûres
valeurs qui font notre gloire à l'étranger. René Béhaine mérite
réédition, et éclatante réhabilitation. Son pays le lui doit.
Pierre Borel
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