
Au XIIe et au XIIIe siècles, alors que
se développe le roman moderne, les
auteurs inventent les moyens d'animer
leurs personnages, de les caractériser
et de les faire agir. Romans
en vers comme romans en prose ne
cessent de nous surprendre par la
richesse et la diversité des paroles mises en scène. Dans un cadre romanesque
qui se veut exhaustif, qui cherche à penser et à représenter le monde
non pas tel qu'il apparaît mais tel qu'il est, les dialogues participent à cette
vision d'un univers complexe tant sur le plan spatial que temporel qu'illustre
de manière emblématique le procédé de l'entrelacement des aventures.
Au niveau des dialogues, cette complexité apparaît dans divers phénomènes,
souvent déjà présents chez Chrétien de Troyes, mais surtout repris
et amplifiés dans les romans arthuriens en prose. En effet, alors que les
romans en vers stylisent la parole des personnages pour la soumettre
essentiellement à une esthétique du bien dire, la prose, qui emprunte la
langue des chroniques pour ses histoires, met au point des techniques complexes
d'enchaînement des voix, colore celles-ci d'effets de réel et d'expressions
mimétiques.
Cet ouvrage étudie la syntaxe des dialogues dans cette forme nouvelle
qu'est le roman. Chevaliers, belles dames, écuyers ou demoiselles, tous
prennent un grand plaisir à se séduire, à se défier ou à bavarder et nous à
les écouter. En mettant en évidence les structures qui informent leurs dialogues
romanesques, on constatera la subtilité d'un savoir-faire qui cherche
à redonner une oralité et une corporalité fictives à des paroles «glacées»,
figées en texte.
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