Depuis plus de 10 ans, les ouvrages analysant la ville se
succèdent. Les fractures françaises de Christophe Guilluy
et Le Mystère français d'Emmanuel Todd et Hervé Le Bras parus
respectivement en 2010 et 2013 sont peu à peu devenus des
références dans l'ensemble du monde politique et plus largement
pour tous ceux et toutes celles qui cherchent des éléments de
réflexion et de réponse dans un contexte de crise. Les analyses
de l'un et de l'autre s'appuient sur une fragilisation des classes
moyennes, et sur une ethnicisation systématique des questions
sociales, rencontrant un écho d'autant plus large que les débats
politiques tendent à ne tourner qu'au débat identitaire et à la
communautarisation des territoires. Les rapports de classes, les
incidences du système capitaliste sur l'aménagement et le vécu des
territoires en sont complètement absents.
Ceci est le point de départ de ce texte qui n'a d'autre ambition que
d'être un partage de réflexions sur la ville contemporaine autant
que de porter une réaction à ces propos médiatiques, par trop
catégoriques, discutables sur le fond comme sur la méthode. Il s'agit
alors de lire l'aménagement des territoires, l'urbanisme comme
la traduction de rapports de dominations sociales et d'idéologies
politiques et économiques fortes.