«Chez lui, la pitié et le désir physique étaient logés au même
endroit.» C'est ainsi que Ludmila Oulitskaïa décrit le ressort
secret qui fait de son héros Chourik une sorte de saint laïque
entièrement dévoué aux femmes. Après avoir grandi entre une
grand-mère énergique, qui lui a inculqué les bonnes manières
autant que le goût des langues étrangères, et une mère fragile
au tempérament artistique incertain, ce jeune homme d'une
grande beauté apprend vite à sécher les larmes de toutes les
femmes autour de lui. Leur solitude lui inspire de la compassion,
et ce sentiment, invariablement et malgré lui, réveille ses
mâles instincts...
Avec un bonheur narratif éclatant, Ludmila Oulitskaïa nous
emmène sur les traces du parcours amoureux, ou plutôt sexuel,
de cet antihéros profondément original, tragi-comique, âme
tendre et sensible qui rate sa vie par pitié pour les autres. Mais
elle parvient aussi une nouvelle fois à entraîner son lecteur
dans une vaste fresque de la société soviétique, dont les très
nombreux personnages secondaires illustrent toute la complexité.