
L'affaire Viterbi... plus le temps passe et plus elle s'estompe dans la
mémoire collective insulaire où seuls les historiens et les érudits locaux en
conservent le souvenir. Au premier abord, un fait divers tragique et
exceptionnel dans les annales judiciaires de la Corse : un homme qui,
condamné à mort (1821) pour meurtre accompli dans le cadre d'une
vendetta, se laisse mourir de faim en prison pour éviter l'opprobre d'une
mort violente et publique, déshonorante pour «les siens». Geste très tôt
interprété comme une marque de stoïcisme «à l'antique» d'un personnage
exceptionnel qui prit soin de narrer jour après jour sa lente agonie et de
régler sa propre mort. L'auteur, adepte de la microstoria, a rouvert le dossier
sous l'angle propre à ce genre historique qui consiste à suivre l'affaire «au
ras-du-sol» (Jacques Revel) et à relire une tranche d'histoire où les données
interfèrent à des échelles différentes entre vendetta, politique et justice. À
travers ce prisme s'éclairent des thèmes généraux concernant l'histoire de
la Corse durant la Révolution et l'Empire. Progressivement la violence
régresse et, sous la Restauration, l'heure est au règlement de l'affaire devant
le prétoire. Alors, signe de «la civilisation des moeurs», les
familles ennemies ne s'affrontent plus par les armes mais interpellent
l'opinion publique afin de faire pencher le plateau de la
balance d'une justice qui révèle en ces temps de graves
dysfonctionnements.
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