De l'oeuvre de l'architecte Victor Louis, notre époque
a retenu avant tout le Grand Théâtre de Bordeaux
et les galeries du Palais-Royal à Paris. C'est réduire
excessivement une production abondante et variée,
conservée pour partie et connue par des gravures et
de nombreux dessins pour le reste. Son génie souple
put, grâce à une formation traditionnelle de haut
niveau, s'adapter avec aisance aux goûts divers de
ses contemporains.
Victor Louis, qui ne fut pas un théoricien, bien qu'il blâmât le goût de Borromini
et exaltât le travail de Perrault, sut trouver le ton juste pour chaque commande.
Ce souci de répondre au désir du client le poussa parfois à des audaces qui furent autant
d'innovations tirant parti avec bonheur de techniques très anciennes comme, par
exemple, les voûtes en hourdis, ou annonçant les époques à venir par son utilisation du
fer et du verre. À l'instar de ses confrères, il maîtrisait tous les domaines de l'architecture
et s'imposa tout autant comme décorateur d'intérieurs ou créateur de meubles.
Cette brillante carrière, entravée par plusieurs scandales plus ou moins justifiés et
par un caractère souvent difficile, fut brisée par les années noires de la Révolution qui
entraîna sa ruine finale.