
Max du Veuzit (1876-1952)
"– Sylvane, laisse un peu ta broderie ; il y a bien autre chose à faire aujourd’hui. La pauvre Méline vient de me faire prévenir qu’elle ne pouvait venir terminer les nettoyages. Elle s’est fait une entorse et souffre beaucoup. Je ne vais quand même pas attendre sa guérison pour remettre la maison en ordre... Allons, vite, mon enfant, pose cet ouvrage sans utilité.
– Oui, maman, dit l’interpellée, obéissant un peu à regret.
Elle leva vers sa mère son doux visage où de grands yeux bleus faisaient oublier, par leur lumière, tout ce que cette physionomie avait d’un peu triste.
Elle rangea soigneusement, dans la corbeille, le fin napperon auquel elle travaillait et, se hâtant, alla retrouver Mme Sambreron qui s’affairait à cirer les meubles de la salle à manger.
– Mon Dieu ! que tu n’es pas vive, ma pauvre petite ! Tous ces soins ménagers n’ont pas l’air de te plaire... Je ne sais ce que tu pourrais faire sans moi ! La vie d’une femme, c’est son intérieur bien tenu... Tiens ! Prends cette cuvette, ces torchons, et astique les vitres, bien soigneusement.
Docilement, la jeune fille obéit. Après avoir caché ses clairs cheveux sous une pointe de percale blanche et ceint sa taille d’un grand tablier bleu, elle entreprit silencieusement la tâche que sa mère lui commandait. Celle-ci, de son côté, époussetait délicatement de vieilles porcelaines, souvenirs précieux d’un luxe passé.
Souvent, Sylvane jetait un regard curieux et navré, par la fenêtre, vers le ciel bleu et les lointains horizons mauves."
Sylvane est forcée par sa mère, Mme Sambreron, à accepter la curieuse proposition du notaire Me Patront : se marier avec un inconnu proche de la mort mais très riche, afin que l'héritage ne tombe pas dans les mains d'un parent indigne. Sylvane deviendrait ainsi veuve et riche très vite...
Nous publions uniquement les avis qui respectent les conditions requises. Consultez nos conditions pour les avis.