Albert Camus a été fidèle à la mesure
grecque dont il trace le portrait dans «L'Exil
d'Hélène». Les Grecs ont touché au désespoir,
mais à travers la beauté, en découvrant dans
l'existence une fêlure impossible à combler.
Aussi le seul recours est-il dans l'acceptation
d'un tragique qui fait la part de tout,
«équilibrant l'ombre par la lumière».
La Grèce ne nous a pas légué des leçons
de ténèbres, comme chez Couperin, ni des
leçons de lumières, comme chez Diderot,
mais des leçons de clair-obscur, quand le jour
bascule dans la nuit ou la nuit dans le jour.
C'est ce balancement entre l'envers
et l'endroit, entre l'exil et le royaume, et
finalement, entre le refus et le consentement,
qui fait l'originalité d'une pensée dont le souci
premier est l'équilibre.