Dans ce livre, Jacques Simon a cherché à dégager dans l'étude du passé
les éléments permettant de comprendre l'histoire de l'Algérie française et de
la révolution.
La première partie montre que Rome avait, dans la continuité avec le
millénaire de Carthage, installé dans ses provinces africaines un cadre
administratif qui avait permis un essor de l'agriculture, une politique d'urbanisation
et de romanisation des populations berbères. Cette période s'achève
avec la fin de la présence byzantine au milieu du VIIe siècle.
Après la conquête arabe, le Maghreb central vite islamisé est intégré dans
un vaste Empire. Il connaît une brillante civilisation au IXe siècle, puis une
régression, avec la disparition de tout l'héritage de la Berbérie romanisée.
La Régence d'Alger, État artificiel, n'a pas développé l'économie ni créé
les conditions pour la formation d'une bourgeoisie compradore. De ce fait, la
résistance à la conquête fut le fait des Confréries mobilisant les tribus.
Sur les décombres de la société traditionnelle, la France introduisit le
mode de production capitaliste qui donna naissance à un prolétariat au sein
duquel fut créée l'Étoile Nord-Africaine, au programme indépendantiste et
social radical. Après l'Étoile, le PPA, et le MTLD, le MNA poursuivra ce
combat. Il sera combattu par une coalition formée par le PCA, l'UDMA et les
Oulémas qui intégreront le FLN dirigé par Abane Ramdane.
Pour s'imposer comme seul interlocuteur à la France, le FLN, soutenu
par les pays arabes, le bloc communiste et les États-Unis, mènera une guerre
totale contre le MNA. Il atteindra son but après le massacre de Melouza et
des dirigeants de l'USTA, le syndicat indépendant de la classe ouvrière
algérienne.
La révolution algérienne écrasée, la voie était dégagée pour la formation
d'un État algérien, structuré par Boumediene, sur l'armée des frontières,
fondé sur un parti unique, avec l'islam comme religion d'État.