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Au début du XXe siècle, à Lazispils, petite bourgade perdue d’une région de Livonie (Lettonie), le pasteur luthérien Waldemar Salis, désirant améliorer la vie passablement misérable de ses paroissiens, se met à rêver de la mythique Amérique lorsqu’on annonce la venue d’une commission ayant pour mandat de recruter des immigrants pour le Brésil. À ceux qui veulent tenter l’aventure, on offre gratuitement des terres pour les mettre en valeur et on paie le voyage. Salis convainc une partie de ses ouailles de le suivre vers la terre promise et, tout comme Moïse avait délivré son peuple du joug du pharaon, il mènerait le sien en Amérique, loin du joug du tsar, de la langue russe et de la fausse foi. Un beau matin, le petit groupe quitte le village pour aller à Riga prendre le train. Il gagne ensuite Hambourg, où il s’embarque pour le port de Santos. La traversée s’avère des plus éprouvantes pour les voyageurs qui rêvent de trouver enfin le bonheur dans le village de Nova Europa qu’ils fonderont en arrivant dans la région de São Paulo. Mais le rêve tant convoité se révélera un effroyable échec.
« Waldemar devint encore plus mélancolique après cette mort qui frappait au coeur de sa colonie de rêves. La prostration de la jeune Natalija et la menace d’autres victimes possibles l’amenaient maintenant à se demander s’il ne s’était pas trompé de prophétie ou s’il n’était pas en train de subir un châtiment exemplaire pour sa vanité de s’être cru un meneur d’hommes. Il oublia alors définitivement la terre promise pour se concentrer sur les horreurs de l’Apocalypse, desquelles il se disait qu’il n’aurait jamais dû s’éloigner. Il continua cependant son travail avec plus d’acharnement, cherchant désormais plutôt à se mortifier. »