Xavier Mathieu, héritant des oeuvres de son ancêtre,
Antonio de La Gandara s'interrogea sur l'artiste, classa
ses archives. Les oeuvres avaient toujours fait partie de son
décor. Qu'en faire ? N'y avait-il pas un devoir de mémoire
à respecter ? La veuve de l'artiste, sa marraine, a vécu chez
lui. À son décès, elle avait à ses côtés un adolescent qui
se souvient de l'élégante en chapeau, poudrée, avec cette
étrange mouche sur la joue, qui l'emmenait rituellement
au salon de thé pour converser avec d'honorables dames.
Il lui revient des évocations de dîners au Claridge, des
grands couturiers, des soirées de Premières etc. Mais aussi
les conversations sur La Gandara et les anecdotes sur ses
succès féminins.
Peu d'hommes laissent sur le côté de leur tombe la clé
de leurs mystères. L'auteur explore les bibliothèques, les
dictionnaires... Il découvre des informations éparses et
une relative ignorance des professionnels sur La Gandara.
Ce qui l'interpelle par rapport au décalage avec les
documents d'époque. Commence alors - il y a dix ans -
une exploration minutieuse. La rencontre des descendants
de la première épouse fut décisive. Ils possèdent plusieurs
oeuvres, une base de données, de nombreux documents.
La mise en commun des fonds familiaux, l'analyse des
archives, des manuscrits des principales bibliothèques...
permirent d'exhumer des découvertes considérables.
Confucius aurait dit qu'une vie accomplie consiste à
avoir un fils, planter un arbre et écrire un livre. Xavier
Mathieu, comblé sur les deux premiers points se devait
de s'acquitter du dernier élément. La machine se met donc
en branle et, avec le support de toute la famille, l'ouvrage
est initié en 2003.
L'auteur, membre de la Société de l'histoire de l'art français,
a souhaité que cette biographie présente La Gandara en
témoin de la Belle Époque. Documentée des traditionnelles
annexes, elle est enrichie d'une campagne photographique
répertoriant plus de 300 tableaux. C'est donc
une impressionnante bible sur l'artiste, agrémentée des
citations de ses contemporains qui lui avaient prodigué
d'élogieux commentaires. Ce livre n'est pas seulement
cela, c'est le roman d'une vie et Xavier Mathieu a voulu
que la lecture en soit fluide. On découvre les fréquentations
rive-gauche et montmartroises. Sa vie de famille en
percussion avec les mondanités incontournables à son
épanouissement professionnel. Son atelier qui lui était si
cher et où le Tout-Paris de la Belle Époque défila. Son art si
particulier qui fit de lui le peintre de l'élégance féminine.
Enfin les honneurs et la gloire. Le dernier chapitre est
consacré à l'ultime journée du gentilhomme peintre, tel
que le surnommait Edmond de Goncourt.