«Religions» : le pouvoir d'un mot invite à questionner en permanence
l'infinité de ses significations et de ses aventures. Ainsi les sciences sociales
des religions convoquent-elles un vaste ensemble de champs de savoirs et
de compétences (sociologie, histoire, théologie, philosophie, anthropologie)
comme autant de réseaux de signes et de sens, dont le tressage présenté
ici revendique le défi et la singularité. Si cette mise en rapport de regards et
d'analyses, à partir de lectures nomades et multipliées, autorise une mise
en intrigue, peut-être alors ce qui se donne à lire aux marges du sacré, cet
indicible, apparaîtra comme la seule modalité baroque de son dire. Dans
le croisement des pratiques et des rites, dans le déchiffrement de l'acte
de croire, dans la critique des passions mystiques, dans la genèse des
monothéismes et des prophétismes, dans les variations philosophiques
autour de l'absolu et du mal, de Dieu et du Diable, se définissent des
paradoxes et des logiques au principe même de la subjectivité. Dans les
travaux d'exégèses, dans la quête du langage des dieux, dans les écritures
de spiritualité, dans les dissidences et insoumissions, dans les relations de
la lettre et de la loi, dans la poétique du verbe biblique, la relation au sacré
ne peut s'entendre que comme rapatriement d'une transcendance enfin
mise à nu, dans l'ordre d'un sujet désormais souverain.