Dans la rigueur qu'il met à la recherche de la vérité attachée
à la forme même du roman, Balzac prend place parmi
les plus grands. Il a pensé déjà le roman comme transitoire
et finissant, il a pensé la prose comme devant contenir
tous les styles, tous les objets. Myriades de variétés partielles,
fragments indéfinis, mouvement bousculé ou lisse
du récit, cette éclatante agonie de l'unité, le roman ne la
poursuit-il pas avec Céline, Musil ou Joyce ?
Les théoriciens du roman pourtant ont fait de l'oeuvre
de Balzac une sorte d'origine mythique, de naturalité romanesque,
de miroir de la société française du XXe siècle...
Cet essai considère la Comédie humaine comme un
unique roman qui, né du sentiment d'une ruine radicale
du passé, d'une rupture consommée, indique sans l'exprimer,
dans sa forme même, l'impossibilité d'écrire au
XIXe une nouvelle Divine Comédie. Paradis et Enfer mêlés,
les romans séparés sont comme des îles appartenant à un
archipel ouvert, toute cohérence s'amenuisant en lisibilité
de la description.