Douze chapitres, consacrés à chacun des douze mois de
l'année. Douze ragas, ces «compositions sonores, formées
de mouvements mélodiques, qui ont pour effet de colorer
le coeur des hommes». Comment ne pas penser également
au rythme du ragtime, qui lui aussi cadence en ses
variations le battement des coeurs, et la démarche des
corps. Entre l'ici et l'ailleurs, l'Occident et l'Orient extrême,
le présent et l'éternel, Yves Leclair poursuit, le bâton ou
le calame à la main, la promenade méditative entreprise
avec son Manuel de contemplation en montagne (La Table
Ronde, 2005).
Nourrie de nos écrivains d'hier ou d'aujourd'hui, Pline
le Jeune ou William Cliff, autant que du Tao-te king, c'est
la même émotion qui circule, et nous enseigne que rien
d'humain ne nous est étranger. Qu'il évoque le paysage,
ou qu'il entreprenne quelque «voyage sémantique» au
coeur du savoir, de la saveur et de la sagesse, l'auteur se
conforme au voeu de Hölderlin, qui est d'«habiter poétiquement
notre terre».
Loin de toute vaine agitation, ces «randonnées» illustrent
à merveille le mot de Vialatte : «Le loisir est un état
d'âme...»
J.-C. P.