Le cerf arrive sur le haut de la faille. Les veneurs l'entendent souffler
avant de voir sa ramure dépasser les fougères, puis sa tête et son corps suintant
l'effort s'offrent à leur vue. Il a payé durement son escalade. Mais les
chiens, eux aussi, vont souffrir. Il ne prend pas la direction du débuché. Apercevant
les cavaliers, il repart au galop en basse forêt.
Gwendal repart dans sa direction, laissant une grande distance entre le cerf et lui.
Briac reste avec Tanneguy.
- Tu es à fond dans la chasse, mon bon Briac !
- C'est la seule façon pour moi de bien vivre.
- Ou d'oublier...
- Pourquoi dites-vous ça, mon oncle ?
- Parce que je suis un vieux singe et je vois tes grimaces. Wendy t'a troublé, tu
ne veux pas oublier Morgane. Alors tu chasses encore un peu plus fort que d'habitude.
- Vous êtes un peu comme Glazic, vous voyez des choses que les autres ne
voient pas.
- Ou qu'ils ne prennent pas la peine de voir. Laisse-moi juste te dire une chose :
un homme seul n'est qu'une moitié d'homme. Mais aucune femme ne doit briser
une amitié. Écoute, voilà les chiens.
- Là, mes p'tits valets, là, y va. C'est bien, les p'tits valets. Coule à lui, coule.
Là, là, là y va...
Tanneguy sonne La vue puis il appuie ses chiens. Il reprend le galop en futaie
avec Briac tout en sonnant gaiement des Bien-aller joyeux.