Parmi les voies de «l'histoire sociale du politique», un domaine de recherches s'est
développé à partir des concepts de «politisation» et de «cultures politiques». Celles
associées aux couleurs «bleue» et «rouge», s'inspirant des valeurs et des modèles issus
des gauches républicaine, socialiste et communiste, ont jusque-là beaucoup mobilisé
les historiens, délaissant celle qui repose sur les fondements de la catholicité et de la
légitimité. Depuis lors, une réflexion d'ensemble est devenue possible sur ces cultures
politiques «blanches» qui se déploient durant un long XIXe siècle. L'analyse porte ici
sur quatre nations du Sud de l'Europe, la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal,
largement façonnées par le catholicisme et les principes d'un État monarchique. Après
avoir repéré les étapes du développement de cette culture politique enracinée dans le
rejet des Lumières et de la Révolution française, cette contribution collective se distingue
par une histoire sociale des «blancs» et des contre-révolutionnaires qui
s'attache à souligner le rôle des passeurs culturels et des intermédiaires sociaux dans
ses circulations européennes. Elle vise également au repérage des territoires qui l'ont
abritée, permettant d'identifier ses lieux d'enracinement et de sédimentation à plusieurs
échelles. En croisant plusieurs approches, il convenait aussi de préciser
l'ancrage de cette culture politique dans des lieux de mémoire, des réseaux sociaux et
des pratiques identitaires qui se sont perpétués durablement sur les chemins de l'exil.