
«Sous leurs pieds, les vagues se brisent avec douceur et
harmonie. On dirait qu'elles exécutent une danse rituelle, une
danse d'amour et de fécondité. Le temps s'arrête et le bleu du ciel
devient plus éclatant, débridé et sulfureux !...
Dans sa chevelure, il murmure : «j'aime le songe où nous
sommes !...».
Elle lui répond : «J'ai un rêve plus beau encore que notre
songe : si nous mourons ensemble, j'aimerais qu'on nous creuse
une ultime demeure au fond de cette mer et que nous restions
ensemble, unis par l'amour et la mort, jusqu'à l'éternité !...
J'aimerais que cette immensité bleue nous appartienne
toujours !...».
La marée montante vient soudain l'inonder. Il se réveille et la
voit en train de nager plus loin, emportée par des vagues
houleuses et inquiétantes. Elle crie de joie ou de peur, lui fait des
signes, tantôt se noie dans les eaux moutonnantes et profondes,
tantôt émerge, plus désirable encore. Est-ce une femme ou une
sirène ? Une vérité ou une hallucination, un conte fabuleux qu'il
aime à se raconter à lui-même pour échapper aux spectres
dévastateurs de la nuit imprévisible ?...».
C'est surtout dans le spectacle de la mer que Ridha Bourkhis
recueille quelques vérités fuyantes et métonymiques, sur l'essence
des êtres, sur l'infinie grandeur de la création, sur les heures du
passé blotties dans une étendue bleue, apaisée ou vociférante, sur
les vertus prophylactiques du dialogue intérieur permanent que
noue un être humain, selon le rituel des retrouvailles fusionnelles,
avec une mer hospitalière...
Hédi Khélil
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