Bordeaux
Inconnu et caché
À Bordeaux, « tout ce qui peut déplaire ou étonner est caché »... Dans les années 1930, derrière les façades cossues, les rues sont partout vibrantes d'activités et de commerces plus ou moins illicites, selon l'heure du jour ou de la nuit.
Journaliste bordelais passionné par la rue, Jean-François-Louis Merlet se promène, observe, discute, prend des notes. Il enquête sur ce Bordeaux de « l'autre côté du miroir » aux bas-fonds peuplés de miséreux et d'invisibles. En ces temps où la ville et le port ne font qu'un, ses pas l'entraînent dans les lieux que la bonne société feint d'ignorer. Ceux du travail harassant et mal payé, des bars « louches », théâtres de tous les trafics, des « zones grises » où se retrouvent les immigrés venus de Russie, de Turquie, d'Espagne ou d'Afrique.
Il écume le « quartier réservé » de Mériadeck, musarde du côté de la gare Saint-Jean, hume l'air aux Capucins, s'encanaille à Bacalan, s'aventure dans les terrains vagues et marécageux de Ravezies, traîne sur les quais de La Bastide ou visite le bateau-soupe du philanthrope Osiris amarré à un ponton de la Garonne. De bar en bar, de dock en cargo, de marché en masure, Merlet recueille les propos des aventuriers du trottoir et des horizons lointains.
Le journaliste aguerri sait parler leurs langages. Suivons-le par-delà les frontières du temps, parcourons avec lui les dédales de ces paysages humains souvent à la dérive, alors que de luxueux paquebots s'apprêtent à voguer vers des chimères insoupçonnées. Cette aventure qui nous attend est celle d'une ville cosmopolite, aux parfums équivoques, dont le souvenir, grâce à ces pages inédites, demeure.