Ce texte revient sur la proximité voilée de deux oeuvres et la longue amitié de
leurs auteurs, Constantin Brancusi et Marcel Duchamp. Pour en tirer l'épreuve,
il regroupe deux écrits quasi autonomes, que le lecteur pourra disposer en vis-à-vis
ou superposer dans l'ordre qu'il choisira. L'un s'appuie sur une
chronologie précise de la forme des Colonnes sans fin de Constantin Brancusi
et l'autre est une tentative de redéfinition des inframinces, à l'appui des
références nombreuses que Marcel Duchamp fit aux mathématiciens et aux
physiciens. Ce texte est un essai, parce qu'il s'agit d'une mise en condition de
la répétition à l'épreuve de l'expérience, convaincu de l'impossible épuisement
du sujet, dont «le dessein, comme l'écrivait Valery, est de préciser quelques
idées», un essai dont on espère toujours quelques transformations. Ce texte est
aussi un traité parce que son ambition est bien d'exposer ces extensions de la
répétition de manière didactique et systématique, autant que faire se peut, sans
compromission pour la précision, mais toujours conscient des renversements
possibles du genre vers le facétieux, et disposé à renouer avec l'expression
littéraire à la lisière du scientifique et de l'artistique de nos traités anciens de
géométrie ou d'«Underweysung der messung» («manière de mesurer»).