Les captives sont ces caractères qui émergent progressivement de l'arrière-plan
dramatique pour s'inscrire au nombre des figures marquantes du paysage tragique.
Issues d'un contexte politique indissociable des realia antiques et dont un
spectateur moderne ne saurait faire l'expérience, les captives n'en font pas moins
partie des données reprises aux oeuvres antiques par la tragédie européenne ; cette
étrangeté les distingue de personnages tels que les rois ou reines, qui apparaissent
commes les caractères tragiques par excellence et peuvent plus facilement s'accorder
aux réalités politiques contemporaines de toute création dramaturgique. Et
cependant, le théâtre classique intègre les captives à l'ensemble de ses personnages
: de la scène antique jusqu'au XVIIe siècle européen, le rôle se voit doté d'une
importance accrue, qui interroge ses significations. L'examen de pièces qui le représentent
révèle ainsi des phénomènes récurrents qui concernent autant la place des
captives dans les arguments dramatiques, que leur environnement ou les choix poétiques
qui président à leur mise en scène. Ces phénomènes peuvent être considérés
comme les motifs susceptibles de confirmer qu'il existe un type tragique, celui de
la captive, et que ce type croise la modernité du genre.