S'il me reste encore un peu de temps pour écrire, je ne voudrais plus écrire que des livres hors genre, des livres qu'on ne pourrait plus classer sous aucune étiquette et dans lesquels se mêleraient toutes sortes d'écritures. Ce livre, évidemment, je n'en ai qu'une idée vague, mais il laisserait au lecteur liberté de le lire dans le sens qu'il voudrait, comme il fut écrit, comme ce carnet, dont l'ordre chronologique est un leurre.
L'écriture fragmentaire, (...) apparent chaos du coup par coup, place laissée au hasard, serait-elle la mieux à même de faire sentir les bas-fonds d'un esprit ? Infiniment mieux qu'un discours architecturé prétendant à l'analyse ? N'est-elle pas celle, grâce aux blancs qu'elle ménage, la plus apte à laisser le temps au lecteur, pour peu qu'il oublie ses habitudes de lecture cursive toute tendue vers un dénouement - ici on ne dénoue rien, ce serait plutôt l'inverse - de se recueillir, plutôt que de s'oublier ?