Souverain des Pays-Bas, roi des Espagnes et des
Deux-Siciles, empereur germanique, Charles Quint
était le maître d'un des plus grands empires que
l'histoire ait connus. Or il se trouve investi de cette
prodigieuse puissance au moment où l'Occident
change de cap. Se considérant comme le restaurateur
sous son sceptre impérial de l'universalité
chrétienne, comme le garant suprême de la paix
du monde dans l'unité de la foi catholique, il se
heurte à la montée des particularismes nationaux
et religieux et au dépérissement des valeurs
médiévales. La puissance ottomane, l'explosion de
la Réforme et enfin le comportement réaliste de la
France qui, n'obéissant qu'à l'intérêt national,
s'alliait aussi bien aux Turcs qu'aux princes
protestants, contribuèrent à l'échec de ce que
Philippe Erlanger fait apparaître comme la lutte
héroïque et désespérée du dernier César, «gérant
de la chrétienté», pour sauver l'Ancien Monde.