Le 22 mars 1977, le cardinal Émile Biayenda avait reçu un appel téléphonique
du commandant, vice-président du CMP : «Je vous enverrai une équipe qui viendra
vous chercher afin que nous puissions ensemble nous entretenir sur la situation du pays.» Dans
l'après-midi, des envoyés militaires furent dépêchés à l'archevêché, pour le prendre
et le conduire auprès de son interlocuteur, à l'état-major. Son vicaire, l'abbé Louis
Badila qui le suivait dans sa deux-chevaux, perdra sa trace. Dans la nuit du 22 au 23
mars 1977, la nouvelle tombe dans Brazzaville comme un couperet : le cardinal Emile
Biayenda a été assassiné...
L'histoire commence par le fratricide du président de la république, Marien
Ngouabi, le 18 mars 1977. Les Kongo, ressortissants de la région du Pool, deviennent
les boucs émissaires. C'est sur une base mensongère, que dans l'après-midi du
18 mars 1977, le commandant fera chercher l'ancien président de la république
Alphonse Massamba-Débat, pour «... assurer sa sécurité ...». Il est exécuté au petit
matin, dans la nuit du 18 au 19 mars 1977. Sa dépouille n'a jamais été remise à sa
famille, jusqu'à aujourd'hui.
La singularité de ces trois assassinats de mars 1977, est leur mode opératoire
qui porte la même signature. Celle du commandant qui avait fixé aux deux présidents
de la République, Marien Ngouabi et Alphonse Massamba-Débat, puis au
cardinal Emile Biayenda, les derniers rendez-vous de leur existence terrestre.
L'auteur, avec son talent de romancier, restitue dans cet ouvrage, le chemin
de croix suivi par le supplicié cardinal Emile Biayenda. Il montre comment son
Éminence est livrée aux mains des bourreaux qui l'humilient, opèrent sa réification
puis l'achèvent. Ils jettent son corps dans une fosse anonyme du cimetière d'Itatolo
au Nord de Brazzaville. L'abbé Louis Badila exigera la restitution du corps qui sera
exhumé. Il sera transféré à la morgue de l'hôpital général de Brazzaville, et inhumé
dignement dans la cathédrale Notre Dame de Brazzaville.