Clins d'homme
L'auteur a grandi accompagné de silences, celui du grand- père et celui du père, hommes qui, comme d'autres de ces deux générations meurtries, n'ont pas su ou n'ont pas voulu partager leur fardeau traumatique.
Le premier était rescapé du camp de représailles de Rawa Ruska, en Galicie, où les évadés récidivistes français furent déportés (d'avril 1942 à juillet 1944). Le second fut appelé du contingent en Algérie (de janvier 1961 à novembre 1962).
Ce texte est une tentative d'évocation, une proposition de mémoire - forcément fictive -, un contournement poétique du silence. S'y révèle également, arpentant les pièces blanches hantées des choses tues par son mari et son fils, une grand-mère bienveillante, figure d'attachement.
L'éthique de cette creatio ex nihilo, l'imposture de la prise de parole sont questionnées, le formalisme du poème court et contraint s'avérant un outil de résolution partielle de l'aporie qu'oppose aux fils le silence des pères.