Même après la mort mystérieuse de Côme, le Père Abbé et le Maître des Novices ne cessent de s’interroger : cette vocation était-elle authentique ? Que signifiait ce retour au monastère, pour la troisième fois, après qu’à deux reprises, Côme s’en fut éloigné ? La réalité d’un appel se mesure-t-elle à l’accomplissement, à la réussite ? La persévérance contre vents et marées, contre l’avis des sages, contre soi-même, n’a-t-elle pas sa valeur aussi, même dans l’échec ? N’est-ce pas de nos fidélités, plus que de nos succès, que nous sommes comptables ? Tel est le thème dramatique que Pierre de Calan aborde dans son premier roman et qu’il situe dans le cadre de la Grande Trappe de Soligny, au milieu des forêts et des collines du Perche. Tout homme, toute femme n’en a-t-il pas un jour éprouvé l’angoisse, en réfléchissant au sens de sa vie, en s’interrogeant sur sa propre vocation, quelle qu’elle fût ? Rares sans doute seront ceux ou celles qui, lisant ce récit lumineux et dépouillé comme une église cistercienne, ne se reconnaîtront pas en quelque manière frères ou sœurs de Côme. Rares également ceux qui demeureront insensibles à cette évocation, par l’un des moines qui la vivent, de l’existence d’une communauté religieuse. Et plus rares encore ceux qui ne conviendront pas en eux-mêmes, avec le narrateur, qu’aucune sagesse humaine ne peut dévoiler entièrement le mystère d’une destinée.

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