Comment peut-on (encore) être Franc-Comtois ? Comment justifier
l'existence d'une petite région périphérique, peu connue, autant dire
négligeable ? La raison d'État, les impératifs économiques et financiers,
la technostructure, les élites parisiennes la condamnent. Ses élus, ses
historiens et géographes, ses habitants peut-être ne la défendent
même pas. Ainsi va disparaître, d'un trait de plume, une région
administrative qui avait pris le nom et la suite d'une province vieille
de plus de deux millénaires.
Pourtant, nombre d'historiens, folkloristes, romanciers, poètes,
philosophes, prêtres ou hommes politiques, ont promu cette identité
provinciale et pas des moindres, qu'il suffise de citer Charles Nodier,
Montalembert, Xavier Marmier, Pierre-Joseph Proudhon, Charles
Beauquier ou Lucien Febvre. Une identité qui a servi de support à un
régionalisme populaire, sensible jusqu'à la fin du XXe siècle.
Cet ouvrage réunit différentes contributions, enrichies de points de
vue rapprochés de questions d'actualité, et s'attache à comprendre
comment a pu être défini et défendu un sentiment d'appartenance,
un attachement à une petite patrie qui n'était pas, et pas plus
aujourd'hui, contradictoire avec celui que nous portons à la grande.