L'effondrement du système communiste en 1989-1991
a bouleversé l'histoire de l'Europe aussi bien que de l'Asie.
Depuis, les témoins ont pu s'exprimer, les archives se sont ouvertes,
révélant l'ampleur de la terreur et des crimes commis contre
les populations. Une véritable guerre des mémoires a dès lors
débuté : mémoire glorieuse des communistes, ex-communistes
et néo-communistes (révolution d'Octobre, Front populaire, guerre
d'Espagne, victoire de 1945) contre mémoire tragique des victimes,
depuis la guerre civile russe jusqu'au génocide cambodgien des
Khmers rouges, en passant par la famine ukrainienne,
les annexions soviétiques, la déportation des «peuples punis»,
la communisation forcée de l'Europe centrale et orientale, la terrible
famine du Grand Bond en avant maoïste et la Révolution culturelle
chinoise... Au total, des dizaines de millions de morts.
Cette guerre des mémoires, qui dure maintenant depuis un quart
de siècle, constitue un enjeu fondamental pour l'unité de l'Union
européenne, mais aussi pour les relations de l'Europe avec
la Russie et la Chine. À terme, seul un grand travail historique
permettra de déboucher sur ce que Paul Ricoeur nommait
«la juste mémoire» - une véritable mémoire européenne commune.