Créer un espace éducatif avec les contes merveilleux
Comment penser le conflit
La conflictualité, au-delà du conflit objectif, comprend des formes de tension psychique
aussi bien que des formes de tension relationnelle et sociale. Ces deux aspects sont liés,
ce qui est psychique se « déployant » dans l'espace social, et ce qui vécu dans l'espace
social étant rapatrié dans l'espace psychique. En éducation, il importe que cette
conflictualité soit accueillie et travaillée dans un cadre et qu'elle puisse être articulée
dans une relation avec un adulte qui soit suffisamment contenante. Mais il y a aussi
à penser aux potentialités de la médiation culturelle. Celle qui est retenue ici est
celle des contes merveilleux. Ils présentent des qualités particulières d'être partagés
dans l'oralité qui rassemble les auditeurs, et, dans leur contenu, de mettre en scène de
nombreuses tensions. On peut évoquer par exemple, sur ce dernier point, les fortes
émotions éprouvées envers des personnages négatifs, et qui permettent de refléter une
vie psychique riche. Ces récits sont aussi des objets de mémoire, qui passent d'une
mémoire (celle du conteur) à une autre (celle de l'auditeur). Encore au-delà, il importe
que « celui qui s'élève » (l'enfant auditeur) soit dans la mémoire d'un « maître » (mère,
père, éducateur, enseignant).
Cet ouvrage de réflexion débouche aussi sur des indications éducatives et
pédagogiques, notamment autour de trois notions : celle du cadre à créer, celle de la
relation à investir, et celle de la médiation culturelle. Ces différentes notions permettent
d'expliciter la nature d'une position éducative qui ouvre un espace nécessaire à la
conflictualité, aussi bien sur le plan relationnel et social (dans la relation, protégée par
un cadre), que sur le plan psychique (dans le reflètement du conte).