Je n'aimais pas cet endroit-là, mais ma mère faisait mine de ne pas le savoir. Je préférais aller à « l'école payée » chez Madame Édouard. Elle nous accueillait dans une baraque faite de planches et de tôles. Nous étions plusieurs fillettes, assises serrées sur des bancs en bois et nous lisions ensemble sur un grand tableau, en suivant des yeux la baguette de goyavier. À notre arrivée, nous ne possédions que des rudiments de français. Au bout de trois années d'assidue fréquentation, nous savions lire les histoires de loups, de princesses et de chevaliers, nous maîtrisions les quatre opérations. [...]
La réussite scolaire naît un jour de la rencontre d'un élève avec un enseignant. Si ce dernier sait se faire apprécier, la transmission du savoir sera facilitée. L'élève, obsédé par le désir de plaire, de ne pas démériter aux yeux d'un adulte qu'il affectionne, aspirera à briller. À l'inverse, si cette présence déclenche chez lui des coliques, des nausées et des migraines, l'échec l'attend au bout du chemin. Enseigner est certes une affaire de professionnels, mais c'est avant tout une histoire d'amour.
Récit d'une institutrice devenue inspectrice de l'Éducation nationale, Crépuscule et matins clairs relate le parcours déterminé de Francesca Faithful Vélayoudom à travers un regard à la fois ferme et bienveillant. Femme de vocation, elle a eu à coeur, tout au long de sa carrière, de mettre au centre de ses préoccupations de pédagogue l'intérêt et la protection de l'enfant, favorisant sa réussite et son intégration au sein d'une institution et d'une société en pleine mutation.