(suite de la page 1) vallon, une petite maison
de brique au toit de chaume, cernée d'une
barrière, d'une petite cour grise et flanquée
d'une crasseuse pompe à main. Personne dans
la cour, pas de chien sur le seuil, juste une
chaise grossière à l'écart ; des bâtons taillés à
droite de la chaise, des branches en attente à
gauche et des copeaux sur le devant.
L'intérieur était humble, pour ne pas dire
pauvre. Mais il y avait un piano, et une jeune
fille en jouait. Il fut attesté que la partition
posée sur le pupitre (une chanson de Mary
Lloyd) venait du stock de Cromwell. Il y avait
une trace de sang parmi les notes.
On arrêta la jeune fille avant qu'elle eût
manifesté de la surprise puis on débusqua son
grand père assis dans le cabanon, sourd au
chahut des forces de police.
L'affaire fut vite mise à plat : il s'agissait
d'un drame de la pauvreté avec une petite
fille douée, mais née sans condition, un vieil
homme dont l'ouïe avait tant baissé qu'il
devenait dangereux de le prendre à la coupe
en forêt et qu'on occupait à tailler des bâtons
de toiture.
Peu de mots pour un crime.
On ne dénoua pas tout à fait la présence
incongrue d'un piano dans un foyer si humble,
mais aux pieds du vieillard, on retrouva
les chaussures du vendeur itinérant. L'enquête
eût facilement abouti, si elle n'avait pas
été anéantie par un fait étrange noté par le
détective Hebna Calde.
Le fait étrange ? Les chaussures.
L'une était couverte de boue ; l'autre de
poussière sèche.