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Les personnages de la célèbre fresque d’Antoine Watteau intitulée Embarquement pour Cythère mettent en scène autant l’embarquement pour que les joies à venir sur l’île de Cythère. Deux moments se juxtaposent sur la grande toile. C’est du moins ce qu’observe Geneviève Gagnon qui, au mi-temps d’une promenade à Berlin, visite le château de Charlottenbourg et s’arrête devant l’oeuvre.
Geneviève, dite Lili, vient de débarquer dans cette ville qu’elle connaît bien ; elle est en route vers une soirée de retrouvailles. Dans la tête de la jeune femme en marche, tout comme sur la toile de Watteau, deux temps défilent : un présent de la promenade et un passé de la réminiscence. La rêverie de Geneviève est surtout hantée par la présence outre-tombale de son père, Jacques Gagnon, spectre chaleureux mais accaparant auquel se joignent aussi d’autres fantômes bien bavards.
La promeneuse solitaire ne cheminerait-elle pas plus aisément si son attention se détournait d’hier pour se porter vers aujourd’hui et demain, vers cette année sabbatique qui commence ?