
Penser les moyens de communication de masse d'aujourd'hui comme des dispositifs de domination à l'efficace sans limite, c'est se heurter à une redoutable aporie. Comment, dans ces conditions, envisager autre chose qu'une répétition sans faille du discours des maîtres ? Cette difficulté, Jesús Martín-Barbero propose de la lever à partir d'une lecture de Walter Benjamin. Le philosophe allemand ne s'oppose-t-il pas à la conception élitiste de la production intellectuelle - la culture - de Th. W. Adorno et de l'Ecole de Francfort en général ? D'autres auteurs, comme Certeau, Gramsci, Foucault, Morin, etc., contribuent à creuser cette perspective.
Puisant l'essentiel de sa matière dans les mondes hispanique et latino-américain, Jesús Martín-Barbero dresse la généalogie d'une culture populaire qui s'élabore au cours de processus de réception, de reconnaissance et d'appropriation. C'est avec de telles médiations - à la fois lieux, temporalité, compétences culturelles - qu'il faut compter aujourd'hui.
Désormais, la question n'est plus celle des médias mais bien celle des médiations. Seul ce décentrage du regard peut permettre de lire - donner sens à - l'actualité dans les pays d'une Amérique latine métisse de plus en plus prise dans les flux mondiaux.
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