Mont-Liban, 1860 : des centaines de chrétiens sont massacrés
par les Druzes musulmans. La France obtient des puissances
européennes, malgré une sourde résistance diplomatique de
l'Angleterre, l'autorisation d'envoyer un corps expéditionnaire
pour venir en aide aux victimes et rétablir l'ordre dans
cette province de l'Empire ottoman. C'est le premier cas avéré
d'«ingérence humanitaire».
Le corps expéditionnaire français ne se livrera cependant à
aucune action militaire d'envergure. La principale originalité
de cette opération se situe ailleurs : dans l'importance de l'aide
qu'elle a permis d'apporter aux populations sinistrées ; dans
ses conséquences judiciaires et politiques aussi. Car il a fallu
déterminer les responsabilités dans les massacres et trouver
une solution politique pour stabiliser la région, au-delà de la
durée de l'intervention.
À travers le récit mouvementé de ces événements, entre rivalités
franco-britanniques et conflit culturel, Yann Bouyrat rappelle
combien cette première expression du «devoir» d'ingérence
a soulevé, pour les contemporains eux-mêmes, des questions
de souveraineté, de légitimité et de droit international d'une
brûlante actualité.