Autant les contes africains ont été explorés, commentés, interprétés, autant
s'est-on trop souvent contenté de recueillir les mythes du Continent noir, sans se
risquer à les analyser.
Le mythe de création bambara, les Dieux d'eau dogon, les divinités du Vaudou
ont fait l'objet de descriptions extrêmement détaillées et l'on s'est arrêté là.
Rares en effet sont les chercheurs, comme Luc de Heusch, ou Bonaventure Mve
Ondo, qui se sont penchés sur la logique du mythe, ses causes, son fonctionnement,
sa ou ses fonctions. Le travail que fit Lévi-Strauss pour les Amérindiens, et Dumézil
pour les Indo-Européens, n'a pas été accompli pour l'Afrique.
Et certes, ce présent ouvrage n'a aucunement l'ambition d'en tenir lieu ! mais
plus modestement d'amorcer la recherche sur les mythes par un questionnement
minimum, et de commencer par des mythes plus simples que ces grands récits
cosmogoniques ou religieux ; ainsi nous traiterons de mythes de migration, de
fondation de royaume, de fondation de culte localisé.
Apprendre à interroger un mythe, au lieu de le chasser de l'Histoire, comme une
légende parasite. Savoir que tout mythe cache une expérience, des intérêts
particuliers ou collectifs, un drame ou un conflit, bref des faits importants qu'il n'est
pas question d'oublier, et qu'on enferme dans la capsule du mythe, pour voyager à
travers l'espace et le temps.
Ainsi de Seth au Bida de Wagadou, du Tyamaba peul au Mboose sérère, nous
voyagerons sur les sentiers peu fréquentés des mythes, à travers les siècles, à travers
Ghâna, Tekrour, Waalo et Djolof, Segou, Baol et Saloum.
Cet ouvrage rend compte de vingt ans de recherches ethno-littéraires sur des
mythes ouest-africains en suivant la piste de l'eau et du serpent..., il contient aussi
des textes peuls et wolof.