Porté par l'engagement de toute une vie
consacrée à l'opéra, l'homme qui s'est
trouvé à la tête des plus grandes institutions
européennes et s'apprête, après
l'Opéra de Paris, à diriger le Teatro Real
à Madrid, décide de faire le ménage dans
les idées toutes faites sur l'opéra, trop
souvent empoussiéré. Selon Gerard
Mortier, cet art n'est pas plus un objet
décoratif qu'une «distraction» : il est
résolument politique et le miroir de
notre condition humaine. L'opéra donne
à entendre quelque chose qui interroge et
bouscule, dont on ne sort pas indemne,
observe l'auteur. On aura compris, en le
lisant, que rien ne remplace le magnétisme
de ce qu'il appelle «l'homme chantant»,
cette grande secousse émotionnelle ne
pouvant avoir lieu sinon dans le dispositif
théâtral qui place en quelque sorte
le spectateur face à lui-même.