Les innombrables éditions de la Bible, des juifs et des chrétiens,
et ses non moins innombrables traductions sont autant de preuves
de l'intérêt soutenu que les hommes continuent à porter à ces
textes. Le Coran n'est pas moins répandu, de nos jours, dans
presque toutes les langues du globe, en dépit des réels problèmes
que soulèvent ces diverses traductions.
Mais lire les textes fondateurs des religions signifie-t-il
seulement comprendre et commenter, ou bien aller jusqu'à
discuter, critiquer même... ?
Il faut reconnaître que, dans le monde juif, le texte biblique a été
constamment médité et aussi débattu. L'exégèse biblique est, en
effet, aussi ancienne que les textes eux-mêmes. Mais quelle était
sa nature exacte et comment ses limites se sont-elles constituées ?
Les nouvelles méthodes de critique textuelle s'accommodent-elles
de ce long passé exégétique ? Les protestants, puis les
catholiques ont commencé plus timidement à commenter les
textes, se frottant peu à peu, eux aussi, et non sans problèmes,
aux nouvelles approches des corpus sacrés. Il y plusieurs siècles,
des penseurs musulmans avaient commencé à développer une
réflexion critique à l'égard de leurs textes fondateurs, mais ces
mouvements, stoppés net dans leur premier élan, commencent à
peine à être pris en considération dans les cercles universitaires.