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Avant de paraître, ce livre a déjà soulevé des réactions diverses, opposées, parfois violentes. J’ai souvent remarqué combien ce thème de l’émancipation des femmes déclenchait les passions et qu’il fallait être prudent dans toute conversation. Or ce livre est une imprudence car il peut agacer. Et c’est très bien. J’ai toujours été frappé par certains aspects de notre civilisation ; elle est incontestablement l’œuvre quasi exclusive des hommes ; elle témoigne de leur ingéniosité, de leur créativité, de leur intelligence, mais aussi de leur démesure, de leur agressivité, de leur perversité. Je me suis posé la question que beaucoup de gens doivent se poser : « Et si les femmes avaient eu le rôle que les hommes ont assumé ? » Féminapolis n’est pas ma réponse mais une réponse possible. J’ai inversé les rapports des sexes, ce qui doit nous rendre notre faculté de nous scandaliser. Les androcées sont monstrueux, dites-vous, cherchez le mot dans le dictionnaire et vous n’y trouverez que sa définition botanique ; par contre, vous trouverez gynécée. Le vocabulaire reflète les réalités : l’homme a bien enfermé des femmes pour son plaisir ; le contraire n’a pas eu lieu. Le renversement des rôles ne constitue pas une attaque contre les femmes, ce serait une lecture trop simpliste, qui a pourtant été faite par des femmes du monde de l’édition. L’admirable Planète des singes de Pierre Boulle, n’a jamais été un livre contre les singes, au contraire. L’intention est différente, nous y reviendrons. On peut voir dans Féminapolis une caricature de certains régimes politiques : la ruche humaine bien organisée et totalitaire, on connaît... Je ne pense pas que les femmes, si elles prenaient une telle direction, ce qui resterait à prouver, feraient pire que les hommes. Cela semble difficile : des sommets ont été atteints en ce siècle ; notre mémoire en est encore traumatisée. Je crois que derrière ce qu’on appelle l’émancipation des femmes se cache l’une des plus grandes hypocrisies, une des plus grandes duperies du siècle. Si, en France, on leur a octroyé le droit de vote en 1946, c’est pour qu’elles fassent contrepoids aux six millions de voix communistes d’alors ! Actuellement les femmes sont en partie la force-frein en France et en Europe. La droite est au pouvoir en France grâce à elles, c’est connu, irréfutable. Alors si les femmes n’ont pas ce pouvoir révolutionnaire au sens noble du terme (qui bouleverse l’ordre établi), si elles ne représentent pas la force neuve de contestation et de dénonciation, si elles rentrent dans le système (argent, guerre, égoïsme, mensonges, hypocrisies, injustices, violences...) et qu’elles aident à le maintenir, il n’y a plus d’espoir nulle part. Seuls les petits enfants auront peut-être encore le pouvoir de s’étonner et de trouver monstrueux ce que les adultes acceptent lâchement. C’est ce que pense et écrit Christiane Rochefort, mais de cela on peut douter : la télévision est là, qui commence son joli travail dès le berceau. Écoutez les chers petits crier leur admiration fanatique pour Goldorak et tremblez pour l’avenir !