Rebelle, obstiné et courageux à la limite de l’inconscience, Philippe Morillon a marqué de sa personnalité riche et complexe, la sale guerre qui continue d’ensanglanter la Bosnie-Herzégovine. Mais l’engagement infatigable de « Filipa Morijona » pour ramener la paix dans les Balkans reflète celui, sur le terrain, de chacun de ses hommes, ces 7 983 Casques bleus de douze nationalités différentes qui, depuis un an et demi, escortent et protègent sans relâche les convois humanitaires, en tentant de jouer les médiateurs entre les belligérants, dans des conditions souvent proches de l’enfer. Ce sont eux les véritables héros de ce livre. Héros ambigus d’une bataille dont, mal armés et surtout dotés d’un mandat inapplicable de l’ONU, ils ne pouvaient être que les témoins paralysés. Les éléments français – présents depuis le premier jour –, britanniques, espagnols, hollandais, canadiens ont rempli leur mission, avec un sens du devoir et de l’honneur remarquables. Pendant que les « soldats de la paix » se dépêtraient dans le bourbier bosniaque, politiciens et bureaucrates finissaient d’enterrer la Bosnie. L’histoire de cette première « mission européenne » en Europe centrale, après la chute du rideau de fer, est-elle celle d’un échec total, ou prépare-t-elle au contraire – dans des conditions difficiles – la future armée européenne et cet « Eurocorps » qu’on essaie de faire sortir des cartons ? À travers cette chronique de la mission de jeunes soldats, et de leur chef sur le terrain, transparaissent les interrogations qui vont marquer la construction ou la division de l’Europe de demain.

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