
Le Liban est un petit pays du Proche-Orient, qui en ce début du XXIe
siècle, apparaît d'autant plus original que c'est un pays arabe, de culture
musulmane, mais où les Chrétiens, après avoir été largement majoritaires,
conservent encore une place qui approche les 40 % de la population totale.
C'est aussi un pays méditerranéen, géographiquement et culturellement, qui
a été très tôt occidentalisé du fait des échanges initiés dès l'Antiquité par les
Phéniciens. Fortement influencé par la France, son protecteur depuis François
Ier, profondément francisé de 1919 à 1943 du fait du mandat donné à notre
pays par la Société des Nations, il a été de surcroît «européanisé» depuis
la naissance du christianisme par la longue présence des Églises catholique
puis orthodoxe. Pour toutes ces raisons, le Liban possède aujourd'hui un
rayonnement culturel encore fort malgré les ravages d'une récente guerre
civile qui a duré près de dix-sept ans.
Pays prospère grâce à son secteur tertiaire, îlot de développement au
sein d'un monde arabe sous-développé, favorisé économiquement et
culturellement par une diaspora très dynamique à travers le monde, le Liban
pourrait-il néanmoins disparaître ?
Certains le disent en s'appuyant sur le fait qu'au niveau interne, il présente
un grand nombre d'éléments qui permettent de le classer au sein des États
très fragiles tels que définis par le Quai d'Orsay. Symboles emblématiques de
cette faiblesse, l'échec patent du confessionnalisme et le caractère aberrant
d'une guerre civile de dix-sept ans qui a plongé le pays dans le chaos.
Toutefois, ce sont ces mêmes facteurs de la fragilité libanaise conjugués
à l'intérêt des autres pays du Proche-Orient de conserver malgré tout
cette mini enclave occidentalisée, qui expliquent paradoxalement qu'elle
a jusqu'alors été tolérée au sein d'un monde arabe aujourd'hui en pleine
crise et en pleine décomposition. Qui aurait pu penser que ce si fragile
État libanais survivrait à une si longue guerre civile, aux assassinats de
ses hommes politiques, de ses dirigeants, aux ingérences américaines, aux
pressions soviétiques, aux infiltrations palestiniennes, aux raids israéliens,
aux réseaux mafieux et terroristes... Il y a là sans doute quelque chose
qui relève du miracle et qui nous fournit des raisons d'espérer, même si
les turbulences syriennes posent désormais le problème de l'existence du
Liban à une autre échelle.
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