Dans la Chine du IIIe siècle de notre ère, Hi K'ang faisait partie d'un cercle de poètes surnommés « Les sept Sages de la Forêt de Bambous ». Son attitude taoïste d'esprit libertaire a marqué l'histoire du Pays du Milieu. Comme il est relativement peu connu en Occident, il nous semble pertinent de le présenter à nos contemporains.
Bien que vivant hors des normes sociales, « Les Sept Sages » étaient relativement respectés. Ce respect s'est maintenu pendant plus de huit siècles et les noms d'Hi Kang ou Jouan Tsi sont devenus synonymes d'une vie belle et rebelle. Leurs voix sont toujours actuelles...
La tradition littéraire et artistique qui s'est établie sur ces sages les dépeint comme des taoïstes libres, asociaux ou mêmes anarchistes, faisant fi des rites et des institutions confucianistes en général. Ils se réunissent chez Hi K'ang et choquent leurs contemporains en s'enivrant, en se promenant nus ou en urinant en public.
Ce sont les lectures de Lao Tseu et de Tchouang Tseu qui ont fait découvrir à Hi K'ang la vie sans entraves et la « conduite dans la Voie ». Il préfère alors s'abandonner à sa nature propre, en suivant ce qui lui plaît et non ce qu'il pourrait craindre.
« Il n'y a rien hors du spontané », disait Jouan Tsi, l'un des Sept Sages. C'est la spontanéité de l'être libéré du carcan des règles d'une société pesante.
Hi K'ang écrivit aussi un essai intitulé : Se délivrer des sentiments personnels où, tout en recommandant l'introspection et la solitude de l'homme sans affaires, il met en garde contre l'égoïsme. D'ailleurs, Tchouang Tseu n'a-t-il pas observé : « S'oublier soi-même c'est entrer dans le Ciel » ?
Il s'agit de retourner à l'état originel. La libération de la personne passe par le fait d'être libéré de sa personne.